abril 22, 2020

« Covid-19 : le secteur du livre dans l’expectative »


Sabine Audrerie
La Croix (@LaCroix)




« À l’arrêt depuis un mois à la suite de la pandémie du coronavirus, l’édition pourrait reprendre son activité à partir du 11 mai. Des mesures spécifiques seraient adoptées pour la vente des livres et la réouverture des librairies.

» “L’activité s’est arrêtée net ”, résume Vincent Monadé, président du Centre National du Livre (CNL). L’année avait bien commencé pour le secteur, avec des ventes reparties à la hausse en janvier après des mois difficiles.

» L’arrêt des activités à la suite de la pandémie du coronavirus, pour tous les professionnels du secteur ou presque (quelques points de ventes type hypermarchés et maisons de presse continuaient de proposer quelques ouvrages), a ouvert une période d’incertitude pour toute la chaîne, des éditeurs aux libraires en passant par la diffusion-distribution et bien sûr les auteurs. La perte de chiffre d’affaires pour l’année pourrait être de – 20 %.

» Le président Emmanuel Macron, dans son allocution du lundi 13 avril, n’a pas mentionné les libraires parmi les commerces devant rester fermés. Les librairies devraient donc rouvrir le 11 mai, si les conditions sanitaires sont réunies.



» Comment rouvrir les librairies ?

» “La réouverture des librairies est souhaitée et souhaitable, confirme Vincent Monadé sans pouvoir en préciser à cette heure les modalités ni le calendrier. Il faut reprendre la vente de livres et faire redémarrer l’économie du secteur. Ce redémarrage sera lent et difficile, et l’activité normale ne reprendra probablement pas avant septembre ou octobre. Aujourd’hui on est sur une perte d’activité de 85 %, voire 100 % pour certaines librairies qui ne proposent pas de vente numérique en ligne. Les éditeurs vendent un peu en numérique, ont encore quelques commandes qui passent, mais très peu. ”

» Le Syndicat de la Librairie Française (SLF) a réagi à l’allocution présidentielle en demandant qu’un “protocole sanitaire fixant les règles à l’égard des salariés et des clients soit défini par le gouvernement ”. Le SLF a aussi attiré l’attention sur un risque de débordement de livraisons par les éditeurs à la réouverture, invitant à “la plus grande prudence sur le plan commercial. Nous demandons ainsi aux fournisseurs de limiter très fortement leurs prochains offices de nouveautés et de ne les lancer qu’à partir de juin ”.

» Plusieurs libraires, partout en France, ont depuis quelques semaines pris des initiatives isolées de livraisons à leurs clients, ainsi que des possibilités de retraits en magasins, comme le propose par exemple le collectif parisien Librest.com. Le ministère de la culture pourrait souhaiter voir ce système, le “click-and-collect”, se généraliser.

» Le CNL a mis en place rapidement plusieurs aides d’urgence pour les professionnels du livre, avec un plan spécifique de 5 millions d’euros, complémentaire au plan gouvernemental. Une enveloppe qui pourrait être suivie de plusieurs autres, selon l’évolution des besoins.

» 500 000 € ont déjà été engagés pour les petites maisons d’édition indépendantes qui ne peuvent pas bénéficier des dispositifs de chômage partiel, par exemple parce qu’elles n’ont pas de salariés. 500 000 € ont par ailleurs été débloqués pour les libraires francophones dans le monde, qui ne bénéficient d’aucun dispositif de soutien par ailleurs.



» Un dispositif à préciser

» Pour les auteurs, un statut qui recouvre des situations extrêmement variées et diverses, 1 million d’euros a déjà été engagé par le CNL. Ce fonds, géré par la SGDL (Société des Gens de Lettres) à travers une commission qui se réunira dans les prochains jours, sera réparti en bourses individuelles pouvant aller jusqu’à 1 500 €.

» Le ministère de la culture, qui travaille actuellement aux modalités du plan de reprise des activités annoncé par le Président de la République, pourrait préciser dans les prochains jours les mesures prévues pour chaque secteur. »


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