febrero 25, 2016

Aurélie Djavadi: «La licence pro, accélérateur d’emploi»




Le Monde





«Dossier spécial BTS, DUT et licences pro. Anthony Thivolle avait prévu d’arrêter ses études en 2014, une fois obtenu son BTS “négociation et relation client”. Mais, lorsqu’il a découvert l’existence de la licence professionnelle “métiers de la vente”, proposée à l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Lyon, il s’est dit que cette année de formation supplémentaire donnerait un meilleur élan à son début de carrière.

»Pari gagné. En alternant les cours de l’IAE avec un contrat de chargé de relations avec les entreprises auprès de l’IUT Lumière-Lyon-II, il a élargi ses horizons. “C’est le réseau de la licence qui m’a aidé à décrocher cette mission”, précise-t-il.

»Outre un gros travail pour cerner les besoins des professionnels et promouvoir l’IUT, il est aussi intervenu dans le coaching et la sélection des candidats. Cette expérience a attiré l’attention d’un grand cabinet de recrutement, qui lui a offert, en septembre 2015, un CDI de consultant. “Je n’aurais pas pu accéder à ce poste à la sortie du BTS”, estime le jeune homme.

»A l’instar de ce diplômé lyonnais, nombreux sont les jeunes gens qui peuvent se féliciter de leur passage en licence professionnelle, ou “licence pro”.

»Créés en 1999, ces cursus d’un an, alliant théorie et missions de terrain, affichent 92 % d’insertion au bout de trente mois, d’après la dernière enquête ministérielle, portant sur les diplômés de 2012.


»Plus de 50 000 étudiants

»Aussi se sont-ils multipliés dans des domaines variés, de la production agricole aux services à la personne, en passant par les transports ou le commerce. Ils accueillent aujourd’hui plus de 50 000 étudiants, contre 34 000 environ en 2005. Leur force: des partenariats étroits avec les entreprises, de la conception des programmes au placement des stagiaires ou des apprentis.

»“Si nous avons ouvert une licence de technicien des opérations bancaires à la rentrée 2015, c’est à la demande de la profession”, indique Corinne Montoya, responsable de l’apprentissage à l’IAE de Lyon. “Les entreprises participent au comité de pilotage qui nous aide à organiser le cursus et interviennent dans 40 % à 50 % des cours.”

»Pour se développer, les licences pro misent beaucoup sur le tissu économique local. “Leur ancrage territorial permet de décliner une vaste gamme de programmes, des plus généralistes, en production mécanique par exemple, aux plus spécialisés, comme la licence consacrée au son et à l’image dans le spectacle vivant à Nantes”, observe Rodolphe Dalle, directeur de l’IUT de Nantes et porte-parole du réseau des IUT. Pour monter cette formation culturelle très pointue, son établissement a pu compter sur le pôle d’industries culturelles créatives (ICC) des Pays de la Loire. “On vérifie régulièrement que les besoins sont présents et on fait évoluer les programmes”, ajoute M. Dalle.

»L’université de Bretagne-Sud, à Vannes, s’est aussi adaptée aux besoins du marché. Alors qu’elle formait plutôt des chefs de projet dans les années 2000, - capables de superviser la réalisation de sites Internet, sa licence “e-commerce et marketing numérique” se concentre désormais sur l’animation Web visant à attirer les internautes et à convertir leurs visites en ventes. “L’enjeu actuel, pour les entreprises, ce n’est plus tant d’être présentes sur la Toile que d’y être rentables”, assure la responsable, Leïla Damak.


»Un sésame pour la vie active

»Pour les étudiants ayant suivi deux années en licence, ces cursus très professionnels sont un sésame pour la vie active. Mais la majorité des effectifs des licences pro sont des détenteurs de BTS ou de DUT qui souhaitent débuter leur carrière dans de meilleures conditions. “Les deux tiers de nos promotions sont issues d’un BTS hôtelier, les autres venant de cursus en langues étrangères, en géographie ou de BTS tourisme”, constate Régine Davroux, responsable de la licence “direction des services d’hébergement en hôtellerie internationale” à l’université de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). “Durant l’année d’apprentissage, ils se confrontent peu à peu aux questions de management, de sorte qu’ils peuvent devenir chefs de brigade une fois diplômés.”

»Et Corinne Montoya d’ajouter: “On ne prépare pas seulement les étudiants à un métier, on les aide aussi à prendre de la hauteur sur leur - expérience, à travers notamment leur mémoire de fin d’études.” Ceux qui, dans le cadre de leur cursus, partent étudier à l’étranger progresseraient plus vite encore dans leur carrière.

»“Efficacité et culture générale: ce cocktail séduit beaucoup les PME”, observe M Damak. “A l’heure actuelle, on parle beaucoup du besoin d’ingénieurs, mais le secteur industriel nous réclame aussi à cor et à cri ces cadres intermédiaires formés en licence pro. On pourrait ouvrir davantage de places dans les parcours en logistique et en mécanique”, ajoute M. Dalle.

»Un certain nombre de diplômés vise ensuite un master, souvent en alternance : c’est le cas de 32 % des détenteurs d’une licence pro, d’après la dernière enquête du ministère.»






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