febrero 10, 2016

«L’auberge espagnole de la transformation numérique»



Bertrand Garé
«L’auberge espagnole de la transformation numérique»

L'Informaticien




«Vous avez adoré les Cloud, BYOD, Big Data et autres concepts de l’industrie. Derrière tout cela, vous avez oublié Transformation Numérique, le chapeau fourre-tout dans lequel chaque acteur de l’IT ajoute sa pincée de sel. Alors à quelle sauce serez-vous mangé?

»Le jeu le plus drôle du moment dans une conférence de presse est de compter le nombre de minutes – de secondes parfois – avant que le présentateur d’un magnifique PowerPoint ne lâche le mot transformation numérique, ou digitale, suivant l’humeur du jour.


»Attention mort assurée!

»Plus que le cancer, le diabète ou la bêtise, les entreprises vont mourir d’une nouvelle maladie: la disruption. Eh oui, ma bonne Dame c’est très grave, car si vous ne vous transformez pas vous allez être disruptée! Et votre mort est imminente, il y a urgence... Et de nous citer les exemples d’Uber, d’Airbnb et de tous ceux qui offrent des services en voiture, dans les hôtels, les logements. On oublie au passage que Uber ne s’est pas installé au Japon car les taxis locaux offraient déjà de meilleurs services et que personne là-bas n’a trouvé d’intérêt dans ce nouveau service. L’action Accor a gagné près de 60 % en trois ans. Des fous investissent donc encore dans des chaînes d’hôtels? Bref, vous, grands comptes du CAC 40, vous risquez d’être « disruptés » si vous ne vous engagez pas sur le long et douloureux chemin de la transformation numérique. En effet, malades que vous êtes, le traite¬ment est long et cher, mais vous serez sauvés! De quoi, de qui? On ne sait jamais. Un nouvel entrant peut vous disrupter demain.


»Un fourre-tout conceptuel

»Selon les éditeurs ou constructeurs, la transformation numérique... se transforme! Eh oui, pour la plupart, la transformation numérique est le changement de méthode pour pouvoir toucher et engager le client partout où il se trouve. Ce dernier n’ayant rien compris et ne se rendant pas compte qu’il risque de tuer l’entreprise qui le sert si bien s’interroge sur l’utilisation des données qu’il va fournir, voire sur l’endroit où elles pourraient être stockées. Traqué, chassé, mis en coupe réglée par le suivi de ses navigations sur le Web, sur les applications qu’il a téléchargées sur son téléphone dit intelligent. Voilà comment en quelques années, notre pays qui n’était pas vraiment en pointe sur le marketing, a vu fleurir pléthore de spécialistes du marketing digital qui assurent que vous allez vendre mieux et plus vite aux clients. C’est France 3 à 20 heures, "Plus belle la vie"! Pour les autres acteurs du marché, il est nécessaire de faire table rase du passé et de tout changer même le système d’information. D’ailleurs pourquoi encore en avoir un, alors que le Cloud vous tend ses bras si accueillants? Plus de serveurs, d’administrateurs, de stockage, de réseau – ah si!, peut-être encore pour se connecter au Cloud –, plus de soucis. Devenez un DSI heureux, votre fournisseur de Cloud s’occupe de tout contre une somme modique mais que vous êtes incapable de calculer correctement du fait des nombreux paramètres entrant en ligne de compte dans la facturation.


»Aller vite

»Si la transformation numérique suit le schéma d’une amélioration continue, il faut quand même que vous alliez vite, non pas pour que vos fournisseurs fassent leurs trimestres de chiffre d’affaires mais parce que les « disrupteurs » vont vous prendre des parts de marché, ce qui entraînera comme vous pouvez l’imaginez la mort annoncée ci-avant! Il faut donc que tout ce que vous mettez en place vous permette d’aller vite tout en gardant une flexibilité qui vous autorise à soutenir l’assaut de ces nouveaux ennemis. Cela me rappelle parfois Le Désert des Tartares de Buzzati... Donc après le Cloud, le développement d’applications et leur déploiement sur une fenêtre de plus en plus courte, le DevOps vient ainsi à votre rescousse dans ce dur combat quotidien.


»Pourquoi si lentement devant une telle urgence?

»Face à l’imminence du danger, même l’animal le moins subtil a une réaction instinctive de survie. Mais voyons-nous les entreprises s’élancer sur ces chemins de la transformation numérique? Elles semblent plus adeptes des politiques des petits pas que de celle des bottes de 7-lieues. Si elles s’y engagent, c’est sur des périmètres res¬treints en conservant le coeur de leur système d’information qui bouge peu mais qui s’ouvre vers l’extérieur ou sur de nouveaux projets pour lesquels de nouvelles applications font le lien avec le monde numérique. Voilà pourquoi certains acteurs parlent d’économie des applications ou des APIs devant l’importance prise par ces nouveaux ponts vers les clients, les partenaires, les membres de l’écosystème de l’entreprise.


»L’économie de partage

»Mais s’arrêter là c’est faire la moitié du chemin. Pourquoi ouvrir son système d’information aux différentes parties prenantes de l’entreprise si ce n’est pour partager les informations et les données qui y sont présentes? Avec, in fine, le but de monétiser les informations, brutes ou après analyses. La véritable révolution est là, avec les données. Et le nouvel âge d’or numérique a pour carburant les données qui sont désormais la « véritable monnaie » des entreprises.

»Tout le reste, DevOps, automatisation, orchestration des systèmes d’information, n’est qu’un avatar industriel du classique Design / Build / Run, bien connu de toutes les sociétés informatiques. Alors, avez-vous déjà déterminé quelles sont les données intéressantes dans votre système d’information et quelle serait la valeur de celles-ci pour vos clients et vos partenaires. Avez-vous les moyens de partager ces informations? Avez-vous les capacités et les compétences en interne pour faire ce travail? Plutôt que de regarder la transformation numérique comme une collection d’outils et de nouvelles technologies, les entreprises pourraient-elles se poser les bonnes questions et se préparer véritablement à la transformation numérique, celle qui s’appuie sur la richesse de l’entreprise pour la démultiplier par le partage, le reste n’étant qu’une résultante de cette nouvelle mise en perspective.»






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